Voyons ici comment les femmes peuvent investir leur désir et ainsi peut-être, s’affirmer.
Les femmes, ont aussi parfois la possibilité de s’accomplir à travers une maternité, et des soins à fournir à l’enfant, qui leur apportent alors un étayage fort et solide.1 C’est aussi une façon de braver la mort en mettant au monde une nouvelle génération qui nous succédera. Peut-on parler d’une forme de liberté, alors ?
Cependant, « si désirer c’est se représenter l’objet manquant, aucun objet du réel, fut-il un enfant ne peut venir satisfaire la représentation. Le propre du désir est d’être en tant que processus primaire, tout-puissant, indifférent à la réalité, et régi par le seul principe de plaisir : « Sa vie de femme l’attache où son désir l’a entraînée » ». D’où l’importance de distinguer « désir d’enfant, désir de maternité et décision d’enfanter 2 ». Lorsqu’une femme tombe enceinte, elle ne cherche peut-être qu’à assouvir ce désir d’enfant, qui lui vient de l’enfance, désir impossible à assouvir qui peut mener à une IVG. Ce qui peut rendre le désir d’enfant ambivalent pour notre approche d’écoutant, c’est que tout ce processus est totalement inconscient.
C’est, par identification à la mère que pourra se construire la fille. Pour qu’elle en tire le meilleur profit, cela demande à ce que la mère ait une bonne « constitution de son œdipe », et un bon investissement de sa sexualité. Ce que je vois, c’est que cette capacité à devenir mère à son tour est très dépendante de la qualité de la transmission intrapsychique de la mère à la fille. Ainsi, quand il y a pathologie, la fille a-t-elle les moyens d’échapper à cette non maternité ? Ou alors, est-ce que cette indisposition à donner la vie à son tour est là pour prévenir et éviter la reproduction de ce malaise de génération en génération ? J’aime à croire qu’il y a moyen de reprendre possession de sa propre vie, peut-être après une psychanalyse, ou en tout cas un travail sur soi, quel qu’il soit. « Être « devenue une femme », ne renvoie pas à la dimension sexuée de son identité ; elle signifie « être devenue un individu individualisé », autonome et indépendant »3.
1 Bokanowski T., Guignard F., La relation mère/fille – entre partage et clivage, Press Editions, Paris 2012, p. 86
2 I. Tamian-Kunégel : l’avortement et le lien maternel – une autre écoute de l’IVG, Chronique sociale, Lyon, 2002 p.25
3 De Singly F. : Séparée, éd. Pluriel, 2014, Paris, p.122